Parlons des négociations

Les discussions à propos du milieu de travail et des enjeux syndicaux ne se déroulent pas toujours dans l’harmonie. Certaines personnes ont une attitude négative à l’égard des syndicats, du secteur public ou des droits et avantages dont bénéficient les travailleur·ses de ce secteur. Les points de discussion qui suivent peuvent vous aider à répondre aux éventuelles questions de vos amis, de votre famille ou des personnes de votre connaissance et à orienter les discussions sur des sujets courants, comme les actions syndicales et les points que les employé·es du secteur public fédéral souhaitent voir aborder dans leur convention collective (p. ex., le télétravail).

1) Pourquoi les personnes qui travaillent dans le secteur public sont-elles aussi bien rémunérées?

  • Dans le secteur public, les salaires sont déterminés à la suite de négociations collectives. Les travailleur·ses unissent leurs efforts, par l’entremise de leur agent négociateur, afin d’obtenir des salaires équitables.
  • Il est avantageux pour l’employeur d’offrir de bons salaires puisqu’il arrive ainsi plus facilement à recruter et à maintenir en poste des personnes qualifiées.
  • Les salaires des fonctionnaires se situent souvent dans la même fourchette salariale que ceux versés pour des emplois similaires dans les secteurs public et privé.

2) Les syndicats ont-ils un rôle à jouer en dehors des négociations collectives?

  • Évidemment! Les syndicats font de la sensibilisation et s’assurent ainsi que les travailleur·ses connaissent et comprennent leurs droits au travail.
  • Ils interviennent également afin de protéger les travailleur·ses qui sont traité·es injustement, que ce soit individuellement ou en tant que membres d’un groupe victime de discrimination ou d’une inégalité de traitement.
  • Ils défendent les intérêts de leurs membres en toutes circonstances, et non uniquement dans le cadre du processus de négociation collective, en faisant du lobbying pour de meilleures conditions de travail et l’adoption de lois qui favorisent les travailleur·ses et protègent leurs droits.
  • Ils ont aidé à corriger les pratiques discriminatoires au travail, en défendant l’équité salariale et en luttant pour mettre fin à la discrimination et améliorer les conditions de travail pour toutes et tous, syndiqué·es ou non.

3) L’ancienne convention collective est échue, mais la nouvelle est toujours en cours de négociation. Pourquoi les négociations sont-elles si lentes? 

  • Il est impossible de conclure une entente avantageuse en précipitant les choses; il faut du temps pour négocier. 
  • La lenteur des négociations peut être une tactique de négociation que l’employeur et le syndicat utilisent pour améliorer leur position. Le cas échéant, le syndicat doit faire preuve de patience s’il souhaite négocier une entente avantageuse.
  • En vertu de la loi fédérale, le syndicat ne peut déposer un avis de négociation que quatre mois avant l’expiration de la convention précédente; donc, même si tout le monde souhaite que les choses se règlent rapidement, des délais sont souvent à prévoir. 
  • Lorsqu’une nouvelle convention collective est signée, les employé·es ont droit à un paiement rétroactif pour compenser les augmentations de salaire prévues dans la nouvelle convention, mais perdent au change pour ce qui est des autres avantages qui ne sont pas offerts rétroactivement. 

4) Pourquoi les personnes qui travaillent dans le secteur public demandent-elles à faire du télétravail? 

  • Personne ne prétend que TOUTES les fonctions devraient être accomplies à distance, mais un grand nombre d’entre elles peuvent littéralement être exercées n’importe où.
  • Dans bien des cas, cela ne fait pas une grande différence où l’ordinateur se trouve, alors que le lieu de travail a une incidence majeure sur la qualité de vie de la ou du travailleur·se, qui peut ainsi rendre visite à sa grand-mère au centre de soins sur l’heure du dîner ou récupérer plus facilement les enfants à la garderie.
  • Bien honnêtement, dans une économie moderne, nous devrions intégrer la technologie là où cela a du sens et préserver les méthodes traditionnelles là où il est logique de les conserver.
  • Il s’agit de faire preuve de souplesse au moment et à l’endroit où cela s’avère judicieux.

5) Pourquoi au juste y a-t-il autant de personnes qui travaillent dans le secteur public? 

  • Le Canada a l’immense chance d’avoir un secteur public professionnel et impartial qui accorde la priorité aux gens et aux services offerts. Ce n’est pas le cas dans tous les pays.
  • Dans un pays moderne doté d’un gouvernement et d’un filet de sécurité sociale modernes et pleinement opérationnels, nous avons besoin de professionnel·les pour administrer les aides gouvernementales sur lesquelles compte la population canadienne.

6) Pourquoi les personnes qui travaillent dans le secteur public devraient-elles bénéficier d’une augmentation de salaire indexée sur le coût de la vie alors que d’autres membres de la population canadienne n’y ont pas droit? 

  • Les salaires de toutes et tous devraient suivre l’inflation. Nous avons tous senti ces derniers temps les pressions exercées par la hausse rapide du coût de la vie.
  • Les syndicats ont toujours compté parmi les meilleurs protecteurs des droits des travailleur·ses, que ce soit pour leur assurer des normes de travail sécuritaires ou une rémunération équitable pour le travail accompli.
  • Les personnes non syndiquées ou qui travaillent dans le secteur privé bénéficient également de notre travail, car nos négociations collectives contribuent à définir ce que chaque travailleur·se mérite, tant sur le plan des conditions de travail que de la rémunération.

7) Pourquoi les personnes qui travaillent dans le secteur public ont-elles le droit de faire la grève? Ne s’agit-il pas justement d’un service essentiel? 

  • Il existe assurément certaines fonctions au gouvernement qui sont des services essentiels et qui ne peuvent faire l’objet d’un arrêt de travail. C’est le cas, notamment, des fonctions de sécurité essentielles et de celles nécessaires au fonctionnement du Parlement.
  • Toutefois, la grande majorité des postes du secteur public consistent, comme dans d’autres secteurs, en un large éventail de compétences et de services non urgents.
  • Le droit à la négociation collective fait partie des droits garantis par la Constitution, en plus d’être l’un des privilèges fondamentaux de la vie dans une société libre.
  • Les travailleur·ses du secteur public ont le droit de refuser leurs services, tout comme n’importe quelle autre personne en emploi, si l’employeur ne respecte pas sa part du contrat — ou espère que son personnel continuera à travailler sans contrat de travail.
  • Il est important de souligner que l’accès à un arbitrage exécutoire peut remplacer le droit de grève. L’arbitrage est considéré comme un substitut équitable. Certaines professions et unités de négociation en tout point essentielles se voient simplement accorder l’accès à l’arbitrage exécutoire, sans possibilité de conciliation. La Cour suprême a conclu qu’il s’agissait là d’un « substitut » légitime au droit de grève.

8) N’est-il pas un peu ironique que les personnes qui travaillent dans le secteur public demandent à faire du télétravail, mais se présentent ensuite en personne sur les lignes de piquetage? 

  • Pas du tout. Qu’il soit question de travail ou de piquetage, les fonctions qui exigent une présence en personne doivent être exécutées sur place. Certaines tâches doivent être accomplies directement sur le terrain, alors que bien d’autres peuvent être réalisées n’importe où à l’aide d’un ordinateur.
  • L’ACEP estime que, dans une économie et un marché du travail modernes, le télétravail doit être une option lorsque les fonctions professionnelles peuvent être exercées à distance sans nuire à la qualité du travail.
  • L’aménagement de l’horaire de travail aide à attirer les meilleurs talents dans le secteur public sur un marché du travail de plus en plus concurrentiel.
  • En outre, le télétravail ouvre des portes aux personnes qui vivent en dehors de la région de la capitale nationale ou des centres d’emploi régionaux, rendant ainsi le secteur public plus représentatif de notre pays.

9) Qu’en est-il de l’impact du télétravail sur la communauté? Un grand nombre de commerces ne souffrent-ils pas du fait que les principaux centres sont désertés? Cela ne crée-t-il pas des villes fantômes? 

  • La souplesse du télétravail aide en fait à compenser la hausse du coût de la vie, en permettant à un plus grand nombre de personnes de travailler dans de plus petits centres, loin des grandes villes ou des centres-villes qui connaissent une grave pénurie de logements et où les coûts du logement sont les plus élevés. Une main-d’œuvre mieux répartie contribue à la revitalisation des petits centres.
  • Nous devrions promouvoir cette approche dans le cadre de la politique économique régionale et de la politique du logement, au lieu de la considérer comme une concession extrêmement généreuse. C’est tout simplement un choix judicieux sur le plan économique.