Pétition des interprètes au Bureau de la traduction pour demander un traitement équitable dans le contexte d’une demande de travail non rémunérée

Les membres interprètes de la CAPE et le président de l'ACEP, Nathan Prier, remettent la pétition au PDG de la BT.

Les interprètes parlementaires adoptent une position ferme et demandent à Jean-François Lymburner, président-directeur général du Bureau de la traduction, de veiller à ce que leurs quarts de travail d’interprétation en mode hybride soient exclusivement consacrés à des tâches liées à l’interprétation, sans activités annexes, afin de faire reconnaître et rémunérer leur travail de base. 

Dans une décision controversée annoncée en décembre 2023 et qui a déclenché un tollé, le Bureau de la traduction a commencé à assigner des tâches additionnelles aux interprètes, en février 2024, en prétextant que les interprètes ont du temps libre lors des réunions hybrides. Cette décision ne tenait pas compte des nombreuses tâches nécessaires à la préparation des réunions hybrides, qui doivent désormais être effectuées pendant les heures de travail non rémunérées des interprètes. Elle faisait également abstraction de la charge mentale accrue associée à l’interprétation hybride, qui a une incidence directe sur la qualité des services fournis par les interprètes, ainsi que les risques accrus pour leur santé et leur sécurité, comme en témoigne la forte hausse du nombre d’accidents du travail depuis la pandémie. 

 « Faire fi de l’effort mental requis lors de l’interprétation hybride et de tout le travail de préparation des réunions hybrides en assignant des tâches en sus pour occuper des temps morts inexistants revient à obliger les interprètes à travailler plus longtemps, tout en s’exposant à des bruits dangereux et à des incidents acoustiques potentiels, sans le repos et la rémunération qui leur sont dus, déclare le président de l’ACEP, Nathan Prier. Cela contrevient aux principes fondamentaux des pratiques de travail équitables et du respect de l’expertise professionnelle, en plus de nuire à la qualité de l’interprétation au Parlement. »

La pétition a été signée par plus de 90 % des interprètes des langues officielles du gouvernement, représenté·es par l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP)). Cette initiative commune marque un tournant, car les interprètes du gouvernement fédéral luttent pour le respect de leur profession et sont toujours aux prises, après de nombreuses années, avec de graves problèmes de santé et de sécurité, minimisés par l’employeur. Depuis l’adoption des environnements hybrides, en 2020, la fréquence des accidents du travail chez les interprètes a augmenté à cause de la mauvaise qualité ou de l’insuffisance de l’équipement, qui peuvent provoquer des réactions acoustiques.

L’interprétation joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement du Parlement canadien. En tant que nation bilingue et multiculturelle, le Canada accorde une grande importance à la diversité linguistique et à l’inclusion, comme en témoigne la conduite en anglais et en français des travaux parlementaires. Les interprètes permettent une communication claire entre les parlementaires, et ainsi la bonne compréhension des débats, des discussions et des délibérations par les participantes et les participants, quelle que soit leur langue officielle dominante, tout en rendant l’information accessible à toute la population canadienne.

La pétition a été remise à M. Lymburner, dans son bureau, le mercredi 19 juin, par des interprètes du gouvernement et des représentantes et représentants de l’ACEP, sous la direction de Nathan Prier, président de l’ACEP