Janet Akins est originaire de la chaleureuse province du Manitoba. Elle a obtenu un baccalauréat en sociologie et philosophie à l'Université du Manitoba, puis une maîtrise en politique publique et administration publique à l'Université Concordia de Montréal. Elle travaille pour la fonction publique fédérale depuis 3,5 ans.
Pour célébrer le Mois de l'histoire des Noirs, l'ACEP s’est entretenue avec Janet Akins, une des ses membres EC travaillant pour Santé Canada à Ottawa. Janet est également directrice au sein du Comité exécutif national de l'ACEP. L'ACEP l'a invitée à partager son expérience de travail dans la fonction publique fédérale et à offrir son point de vue sur les résultats du récent SAFF concernant la discrimination raciale en milieu de travail.
ACEP : Parlez-nous de votre expérience au sein de la fonction publique fédérale : qu’est‑ce qui vous stimule, et qu’est-ce qui est le plus difficile?
Janet Akins : Mon expérience professionnelle dans la fonction publique a été variée. J’ai commencé ma carrière en tant qu’étudiante coop dans le domaine des politiques axées sur les sciences, la technologie et l’innovation; je suis ensuite passée à l’analyse comparative entre les sexes plus et j’occupe maintenant un poste axé sur la mesure du rendement. Les changements peuvent être déstabilisants pour certaines personnes, mais je m’adapte toujours en autant que je puisse contribuer à un travail qui génère un gain social net pour les Canadiens.
En dehors du travail, j’aime le contact avec mes collègues. La fonction publique est une vaste organisation composée de personnes intelligentes de partout au pays qui viennent à Ottawa avec leurs grandes idées et leur expérience particulière. C’est passionnant de voir à quel point les perspectives sont diverses lorsque nous abordons des enjeux stratégiques. Je trouve que le cloisonnement en matière de politiques est l’aspect le plus compliqué au sein de la fonction publique. Les politiques progressistes ne sont pas élaborées isolément; nous devons être plus disposés à se téléphoner, à communiquer et à collaborer pour traiter des questions sociales intersectorielles.
A : Que pensez-vous des résultats du SAFF, particulièrement en ce qui concerne le taux de discrimination signalé parmi les employés noirs? (Voir l’article)
J.A. : Bien entendu, il est décourageant pour un fonctionnaire noir en début de carrière d’apprendre que notre groupe connait le pourcentage le plus élevé de discrimination en milieu de travail. Toutefois, maintenant que le gouvernement fédéral ⎯ en tant qu’employeur, a accès à des donnés lui permettant de mieux comprendre les expériences vécues par les fonctionnaires noirs, j’espère que nous pourrons commencer à examiner pourquoi ce problème demeure systémique malgré tous les efforts mis en œuvre sur le plan de l’équité en matière d’emploi.
A : Selon vous, quel type de mesures le gouvernement devrait-il prendre pour que la situation change ou s’améliore?
J.A. : Au ministère où je travaillais auparavant, l’équipe responsable de la diversité et de l’inclusion a invité Mme Jean Augustine, ancienne ministre du Cabinet, comme conférencière. Ce fut à la fois motivant et une leçon d’humilité de l’entendre raconter comment elle avait fait tomber les barrières au moyen de son travail de défense des intérêts et de son leadership. J’aimerais que les ministères fournissent aux équipes chargées de la diversité et de l’inclusion le soutien et les ressources nécessaires pour leur permettre d’inviter d’autres défenseurs et conférenciers comme Mme Augustine. Un cours de formation sur la diversité ne suffit pas; nous devons prendre les moyens nécessaires pour écouter des intervenants qui éliminent les obstacles systémiques à partir de zéro, et examiner comment, en tant que fonctionnaires, nous pouvons participer à ce changement positif.
A : Parlez-nous de votre expérience au sein du CEN : qu’est-ce qui vous stimule, et qu’est-ce qui est le plus difficile?
J.A. : Mon expérience au sein du Conseil exécutif national (CEN) de l’ACEP est vraiment positive; les questions sont toujours discutées de manière respectueuse et dans le but commun de réaliser ce qu’il y a de mieux pour les membres et pour l’ACEP en tant qu’organisation. Je suis surtout stimulée par l’approche progressive du CEN; compte tenu des progrès de l’intelligence artificielle, la nature du travail change, et nous voulons veiller à ce que les membres de l’ACEP soient en mesure de faire face aux changements sur le marché du travail.
Chaque fois que nous nous réunissons, je m’efforce de toujours examiner les propositions du point de vue des membres à l’échelle du pays. Plus particulièrement, en quoi une proposition pourrait-elle être utile ou nuire à mes collègues qui travaillent en région éloignée ou dans les bureaux régionaux? Quelles seraient les ressources ou les mesures de soutien nécessaires afin qu’ils tirent pleinement parti de ce que nous proposons? Et, quelle est la meilleure manière d’atténuer les risques?
A : quels sont vos espoirs pour l’avenir de l’ACEP?
J.A. : J'espère que l'avenir de l'ACEP verra ses sections locales mieux dotées en termes de financement et plus formellement structurées afin que les membres sachent qui sont leurs délégués syndicaux et leurs dirigeants locaux lorsqu'ils sont recrutés par l’employeur. En fin de compte, je veux que les sections locales aient plus d'autonomie par rapport au CEN, car elles sont mieux placées pour répondre plus immédiatement aux préoccupations de leurs membres. Bien sûr, pour que les sections locales puissent vraiment se prendre en main, nous devrons modifier nos statuts, et ce n'est pas impossible. Il faudra juste du temps, de la planification et une volonté de poursuivre la mise en œuvre.