Enfant, j’ai passé la plupart de mes étés dans la réserve des Six Nations ou à Oka. Les relations que j’ai tissées durant ce temps ont été très enrichissantes; elles m’ont permis d’apprendre à connaître la culture et les traditions des personnes qui y vivaient. Si j’ai oublié bien des noms, les souvenirs, eux, sont imprégnés dans ma mémoire. Ces expériences ont contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui.
Déjà à l’époque, j’ai été témoin des difficultés et de la négligence que subissait la population, sur ses propres terres non cédées. Pendant des années, les promesses brisées et l’inaction ont perduré malgré les engagements à rectifier la situation. J’ai été attristé, tout comme ces personnes, chaque fois qu’une nouvelle histoire tragique a fait la une des journaux, qu’il s’agisse des histoires plus horribles les unes que les autres du système des pensionnats, des femmes et des filles assassinées ou disparues, ou encore des revendications territoriales unilatéralement modifiées ou ignorées.
Le processus en vue de parvenir à la réconciliation est long et laborieux. Nous devons faire chaque jour des efforts, en posant des gestes simples ou de plus grande envergure. Il est essentiel de s’engager à apprendre et à comprendre l’histoire complexe et souvent douloureuse des communautés autochtones en relation avec les débuts de la colonisation, et notamment à comprendre de quelle façon ce traumatisme a été transmis de génération en génération et se fait encore ressentir aujourd’hui.
Notre attention doit également se porter sur les cultures autochtones en faisant preuve d’un plus grand respect et de manière plus inclusive. Dans le milieu de travail fédéral, nous pouvons non seulement nous engager à le faire, mais nous pouvons aussi y parvenir. Nous devons faire mieux, dans notre vie personnelle et dans la vie publique, en demandant des comptes au gouvernement lorsqu’il ne tient pas ses promesses.
Ce que nous considérons comme l’identité canadienne est intrinsèquement lié au passé, au présent et à l’avenir de toutes les Premières Nations qui vivent ici. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que leurs traditions et leurs langues soient préservées et protégées et qu’elles bénéficient des ressources nécessaires à leur épanouissement.
Je connais la valeur de l’apprentissage et du respect de la culture autochtone et je serai toujours reconnaissant d’avoir pu la découvrir.
Miigwech.
Camille Awada
Président de l’ACEP