Après des années à exercer des pressions pour trouver des solutions visant à protéger la santé et la sécurité de ses membres interprètes, l’ACEP passe à la vitesse supérieure.
L’ACEP a promis une action plus vigoureuse au lendemain de la signature de la nouvelle convention collective, étant donné que celle-ci n’a pas permis de régler les problèmes qui perdurent depuis que le Parlement est passé aux réunions à distance et hybrides au début de la pandémie de COVID-19. Un groupe de travail interfonctionnel a été créé à l’ACEP et s’est réuni la semaine dernière pour permettre de trouver des solutions qui se font attendre depuis longtemps en vue de régler ce dossier délicat.
Une question compliquée
Compte tenu des mauvaises pratiques et de l’infrastructure technique inadéquate, un grand nombre d’interprètes, membres du groupe TR de l’ACEP, ainsi que des interprètes pigistes, subissent des blessures au travail et le nombre d’incidents signalés chaque semaine atteint un nombre record. Les réunions à distance ou hybrides posent des problèmes en ce qui concerne la technologie, la qualité du son et la compression audio, ce qui fait que le son est insuffisant pour permettre aux interprètes de faire leur travail, ou que la qualité du son est si médiocre qu’il endommage le tympan des interprètes et entraîne une perte auditive, immédiatement ou à la suite d’une exposition régulière.
Le bilinguisme au Parlement menacé par la diminution du nombre d’interprètes disponibles
Il n’y a plus qu’une soixantaine de fonctionnaires interprètes et ce petit groupe de spécialistes accrédité·e·s en interprétation simultanée se rétrécit chaque semaine. Les blessures subies lors de réunions hybrides et à distance se traduisent par des horaires réduits, des congés de maladie, des affectations à d’autres fonctions ou, carrément, l’abandon de la profession.
Le rôle crucial que jouent les interprètes qui soutiennent les institutions démocratiques du Canada et qui veillent à ce que toute l’information soit communiquée dans les deux langues officielles est gravement menacé. Déjà, de nombreuses réunions de comités parlementaires ont été interrompues ou reportées faute d’interprètes disponibles en nombre suffisant pour assurer les services d’interprétation.
Ce n’est pas une carrière dans laquelle beaucoup de personnes se lancent chaque année, et, comme il est de plus en plus connu que les interprètes peuvent subir des blessures lors des réunions des comités, moins de personnes choisiront la profession ou accepteront de travailler dans ces environnements dangereux.
Responsabilité
Il est indéniable que l’employeur, soit le Conseil du Trésor, est légalement tenu de protéger la santé et la sécurité de son personnel. Le Bureau de la traduction, au nom du Conseil du Trésor, et les instances parlementaires n’ont pas encore réussi à le faire, comme l’a constaté le Programme du travail après que des interprètes ont déposé des plaintes en 2022. Plutôt que de suspendre les réunions hybrides et à distance jusqu’à ce que des solutions soient trouvées, le Parlement a rendu les séances hybrides permanentes, au mépris non seulement du bien-être de son personnel, mais aussi des responsabilités qui lui incombent selon la Loi sur les langues officielles.
Groupe de travail affecté à ce dossier
Bien que l’ACEP et les interprètes travaillent sur ce dossier depuis le tout début, les tergiversations et les retards constants dans la mise en œuvre des solutions – et le mépris total pour la santé et la sécurité des interprètes de la part du Bureau de la traduction et d’autres instances – n’ont abouti à aucune action concrète pour endiguer l’avalanche de blessures.
Ce nouveau groupe de travail réunit l’expertise et le dévouement nécessaires pour s’attaquer à ce problème critique de manière urgente et énergique. Composé de dirigeantes et dirigeants de l’ACEP et de membres du personnel des services de la recherche, de la négociation, des affaires juridiques, des communications et de la défense des intérêts, ainsi que de membres interprètes, la première réunion du groupe a ouvert la voie à l’échange d’information et à la recherche de solutions en vue de protéger la santé et la sécurité des interprètes avant qu’il ne soit trop tard.
Nous ne baisserons pas les bras
Le travail des interprètes est essentiel pour que toutes les personnes au Canada puissent avoir accès au gouvernement et à nos institutions démocratiques et comprendre le travail qu’ils font. L’ACEP ne ménagera aucun effort pour que ses membres disposent d’un environnement de travail sûr leur permettant de travailler à leur pleine capacité.