OTTAWA – Des syndicats représentant plus de 260 000 fonctionnaires fédéraux demandent au gouvernement de négocier un dédommagement additionnel pour les travailleuses et travailleurs encore aux prises avec le fiasco Phénix. L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) et l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) ont demandé officiellement au Conseil du Trésor de négocier la prorogation des ententes sur le dédommagement général Phénix et le processus d’indemnisation pour répercussions graves jusqu’à ce que les travailleuses et travailleurs soient payés correctement et à temps – tout le temps.
Les syndicats fédéraux ont négocié les ententes sur le dédommagement général Phénix en 2019 et 2020, mais des années plus tard il n’y a toujours pas de lumière au bout du tunnel pour les fonctionnaires qui ont des problèmes paye après paye.
« Nous marquons le huitième anniversaire du fiasco Phénix et pourtant, des dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs sont toujours aux prises avec des problèmes de paye », s’indigne Chris Aylward, président national de l’AFPC. « Ces personnes méritent un dédommagement pour les préjudices qu’elles subissent encore aujourd’hui à cause des ratés du système de paye. »
À l’heure où la population doit composer avec l’augmentation du coût de la vie, plus de 380 000 fonctionnaires fédéraux craignent de ne pas être en mesure de payer leur loyer, leur prêt hypothécaire ou l’épicerie à cause d’erreurs graves dans leur paye.
Le Centre des services de paye de la fonction publique fait face à 444 000 mouvements prêts à traiter avec un arriéré Phénix croissant, au dam des travailleuses et travailleurs. « Les employé.es fédéraux – comme tous les Canadiens et Canadiennes – méritent d'être payés correctement et à temps », déclare Jennifer Carr, présidente de l'IPFPC. « Le gouvernement fédéral a plus d’une fois promis de corriger le tir mais, huit ans plus tard, il ne peut respecter ses propres normes de service que 25 % du temps, ce qui est très loin de son propre objectif de 95 %. C'est totalement inacceptable », poursuit Carr. Trop payés, pas assez payés, ou encore pas payés du tout, les fonctionnaires fédéraux continuent de souffrir considérablement des ratés du système.
Chaque période de paye vient avec toujours plus d’incertitude, beaucoup remettant une promotion ou la retraite; des décisions qui auraient dû être réjouissantes se sont transformées en cauchemar. L’augmentation de l’arriéré et le délai de règlement pèsent sur la santé mentale des fonctionnaires et engendrent pour eux des répercussions fiscales dommageables. Les problèmes de paye les suivent longtemps après qu’ils ont changé d’emploi, quitté la fonction publique ou pris leur retraite.
« Phénix est l’une des tentatives de modernisation les plus coûteuses et les plus néfastes jamais entreprises par le gouvernement fédéral », affirme Nathan Prier, président de l’ACEP. « Il y a eu rupture du contrat des fonctionnaires fédéraux aux deux semaines depuis huit ans. Ils ne méritent pas ça et on n’arrêtera pas avant qu’ils soient tous pleinement dédommagés et que la question soit réglée une fois pour toutes. »
Le gouvernement doit grossir les rangs du personnel de la rémunération pour stabiliser le système de paye et éliminer définitivement l’arriéré qui ne cesse de croître.
À la place, le gouvernement continue de gaspiller ses ressources pour recouvrer les trop-payés Phénix auprès des fonctionnaires avant l’expiration du délai de prescription de six ans, après quoi il n’aura plus le droit de recouvrer les fonds.