Chaque année, le 9 août, on célèbre la Journée internationale des peuples autochtones. Dans le monde entier, et ici au Canada, les Autochtones doivent composer avec les effets de l’empiétement des sociétés industrialisées sur leurs terres. En particulier pour les membres de tribus, le déni de la terre équivaut au déni des droits de la personne fondamentaux, parce que, bien trop souvent, il s’apparente à un génocide culturel.
C’est en réponse à de telles aberrations qu’un groupe d’activistes a créé Survival International, organisation à but non lucratif qui défend les droits des membres de tribus depuis 1969. Récemment, l’organisation a présenté Tribal Voice, projet qui permet aux membres de tribus de dénoncer ce qui se passe au sein de leurs collectivités.
« Nous avons remis à plusieurs collectivités du Brésil un équipement de tournage et de transmission par Wi-Fi, afin qu’elles puissent filmer elles-mêmes les abus qui sont commis et raconter leur propre histoire », a expliqué Tesia Bobrycki, porte-parole de Survival International.
Les vidéos sont téléchargées directement à Survival International, où ils elles sont traduites et envoyées vers les boîtes de réception des abonnés dans le monde entier.
« C’est absolument incroyable, ajoute Mme Bobrycki. D’une part, cela impose davantage de pressions aux gouvernements pour qu’ils agissent quand ils sont témoins d’abus et apprennent les nouvelles directement des tribus – sans l’intervention de tiers ou d’intermédiaires. »
« Dans ces cas-là, la situation est plus grave et plus urgente. »
Les responsables de Survival International croient que ces vidéos vont également permettre d’humaniser les Autochtones et de dissiper les idées préconçues à propos de leur mode de vie.
« Cela démontre que ces gens ne sont pas si différents de nous; souvent, ils se préoccupent avant tout de ce dont sera fait l’avenir de leurs enfants. »
En Amérique du Sud en particulier, les éleveurs et la pratique de l’exploitation forestière illégale obligent de nombreuses tribus à quitter leurs terres. Le contact avec des sociétés industrialisées risque de causer la disparition des tribus qui ont choisi de ne pas communiquer avec le monde extérieur, soit à la suite d’actes de violence, soit à cause de l’exposition à des virus contre lesquels leurs membres ne sont pas naturellement immunisés. Il arrive souvent que, dans ces tribus, la moitié de la population soit décimée dans l’année suivant le contact.
Au fil des ans, Survival International a fait du lobbying auprès des gouvernements en vue de protéger les terres tribales et de faire reconnaître les droits tribaux, y compris le droit qu’ont les tribus de décider si elles vont ou pas vivre isolées du reste du monde. L’organisation demande régulièrement à ses partisans de l’aider à mieux faire entendre sa voix, en envoyant des lettres aux décideurs.
Selon Tesia Bobrycki, « ces lettres sont extrêmement importantes. On en a eu un parfait exemple l’an dernier, lorsque les membres de l’une des plus vulnérables tribus de notre planète, les Awá du Brésil, se sont retrouvés au bord de l’extinction – de la disparition pure et simple. »
Survival International a lancé une campagne en demandant à ses partisans d’écrire au gouvernement brésilien et de prendre des photos en y intégrant l’élément visuel de la campagne. Plus de 57 000 personnes ont fini par écrire au gouvernement.
Mme Bobrycki qualifie cette campagne de « victoire sans précédent ». Au terme de la campagne, le gouvernement brésilien a lancé une opération massive visant à expulser les exploitants forestiers illégaux et les envahisseurs du territoire central, ce qui a permis de protéger la terre et, à terme, l’avenir des Awá.
« Nous devons directement ce succès à nos partisans – à leurs courriels, à leurs lettres, à leurs photos. Nous n’y serions jamais arrivés sans eux. »
Sur le site survivalinternational.org, vous en apprendrez davantage sur le travail de Survival International et sur la façon dont vous pouvez faire votre part. Pour vous inscrire sur la liste de distribution des vidéos de Tribal Voice, rendez-vous sur le site tribal-voice.org.
Une note relative aux Awá : malgré que l’expulsion des exploitants forestiers illégaux et des envahisseurs du territoire central soit un véritable succès, les autres territoires de la tribu continuent d’être envahis. Survival International presse le gouvernement brésilien d’agir en toute urgence afin de protéger toutes les terres tribales ainsi que leurs peuples.
Finalement, groupe informel composé de membres de l'ACEP se rencontre afin de discuter de la réconciliation et des enjeux des peuples autochtones. Si vous désirez vous y joindre, communiquez avec nous.
